Jean-René Dufort est-il journaliste? Au-delà de la question de la plainte traitée par l'ombudsman de Radio-Canada, en rapport avec un reportage de l'émission Infoman portant sur la bande de Gaza, la certaine incompréhension entourant la décision rapportée par plusieurs médias ramène à un débat que l'on croyait pourtant clos, soit celui du mélange des genres.
Dufort est-il un journaliste? Oui et non. Oui, parce qu'il présente des éléments d'actualité de façon éclairée, en recherchant les faits de manière professionnelle, et en réussissant souvent à décrocher des scoops ou encore des informations inusitées qui permettent de faire la lumière sur divers événements. Ce reportage sur la bande de Gaza et les conditions de circulation des Gazaouis en est un excellent exemple, tout comme l'entretien avec le président libanais, ou quantité d'autres sujets qui, au cours des 15 années d'existence de l'émission, ont fait d'Infoman cet OVNI télévisuel unique qui est si apprécié du public québécois.
Non, parce que pas tout à fait Daily Show ou Colbert Report, pas le Téléjournal - bien heureusement! -, Infoman rassemble de l'information factuelle et de l'humour. Nul n'est aveugle au point de ne pas constater que l'animateur transmet ses points de vue personnels à travers ses reportages et le choix de ses sujets. Il en a d'ailleurs tout à fait le droit, puisque son émission appartient à l'univers des variétés. Ce qui surprend, c'est lorsque l'ombudsman, à la surprise de Dufort lui-même et de son équipe, estime que la question de la guerre au Proche-Orient est un sujet "trop sérieux" (je paraphrase) pour son émission.
En fin de compte, Dufort a-t-il contrevenu aux normes journalistiques de Radio-Canada? Peut-être, mais, aux dernières nouvelles, il n'est pas membre de la FPJQ, pas plus qu'il n'a sa place dans la grille horaire aux côtés de Céline Galipeau, de Patrice Roy ou de ses autres collègues du Centre de l'information. Tant qu'Infoman sera une émission de variétés, son animateur pourra agir comme bon lui semble. Après tout, ses segments sont déjà visionnés et approuvés par la haute direction de la SRC. Que demander de plus?
Quant au plaignant lui-même, celui qui a dénoncé l'absence de point de vue israélien sur la question de la vie à Gaza, une amie m'a transmis cette photo: http://imgur.com/ztnDfeq, qui indique que M. Ouellette, qui déplore le fait que seul un commentateur supposément ouvertement propalestinien ait pu s'exprimer dans ce reportage, est directeur associé pour les affaires publiques, au Québec, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes. Cela n'enlève rien à sa plainte, au contraire. Mais disons que l'on peut difficilement parler de lui comme d'une partie impartiale dans cette affaire.
Ledit M. Ouellette n'en serait pas non plus à sa première plainte, comme en témoigne la capture d'écran.
Ce qu'il faut retenir de toute cette affaire, c'est que les contours de ce qui constitue de l'information pure et simple: la question des publicités déguisées, des commentateurs ou encore des critiques culturels provoque déjà bien des questionnements, et le "phénomène" Infoman vient encore davantage brouiller les cartes.
Mon attitude dans cette affaire serait-elle différente si je ne partageais pas les mêmes points de vue politiques que l'animateur, ou si je n'aimais pas / n'écoutais pas l'émission? Sans aucun doute. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une émission de variétés. Le Petit Journal a son reporter de terrain dans une émission qui se veut pourtant humoristique, et elle tourne toujours à l'antenne. Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir l'équivalent au Québec?
Dufort est-il un journaliste? Oui et non. Oui, parce qu'il présente des éléments d'actualité de façon éclairée, en recherchant les faits de manière professionnelle, et en réussissant souvent à décrocher des scoops ou encore des informations inusitées qui permettent de faire la lumière sur divers événements. Ce reportage sur la bande de Gaza et les conditions de circulation des Gazaouis en est un excellent exemple, tout comme l'entretien avec le président libanais, ou quantité d'autres sujets qui, au cours des 15 années d'existence de l'émission, ont fait d'Infoman cet OVNI télévisuel unique qui est si apprécié du public québécois.
Non, parce que pas tout à fait Daily Show ou Colbert Report, pas le Téléjournal - bien heureusement! -, Infoman rassemble de l'information factuelle et de l'humour. Nul n'est aveugle au point de ne pas constater que l'animateur transmet ses points de vue personnels à travers ses reportages et le choix de ses sujets. Il en a d'ailleurs tout à fait le droit, puisque son émission appartient à l'univers des variétés. Ce qui surprend, c'est lorsque l'ombudsman, à la surprise de Dufort lui-même et de son équipe, estime que la question de la guerre au Proche-Orient est un sujet "trop sérieux" (je paraphrase) pour son émission.
En fin de compte, Dufort a-t-il contrevenu aux normes journalistiques de Radio-Canada? Peut-être, mais, aux dernières nouvelles, il n'est pas membre de la FPJQ, pas plus qu'il n'a sa place dans la grille horaire aux côtés de Céline Galipeau, de Patrice Roy ou de ses autres collègues du Centre de l'information. Tant qu'Infoman sera une émission de variétés, son animateur pourra agir comme bon lui semble. Après tout, ses segments sont déjà visionnés et approuvés par la haute direction de la SRC. Que demander de plus?
Quant au plaignant lui-même, celui qui a dénoncé l'absence de point de vue israélien sur la question de la vie à Gaza, une amie m'a transmis cette photo: http://imgur.com/ztnDfeq, qui indique que M. Ouellette, qui déplore le fait que seul un commentateur supposément ouvertement propalestinien ait pu s'exprimer dans ce reportage, est directeur associé pour les affaires publiques, au Québec, du Centre consultatif des relations juives et israéliennes. Cela n'enlève rien à sa plainte, au contraire. Mais disons que l'on peut difficilement parler de lui comme d'une partie impartiale dans cette affaire.
Ledit M. Ouellette n'en serait pas non plus à sa première plainte, comme en témoigne la capture d'écran.
Ce qu'il faut retenir de toute cette affaire, c'est que les contours de ce qui constitue de l'information pure et simple: la question des publicités déguisées, des commentateurs ou encore des critiques culturels provoque déjà bien des questionnements, et le "phénomène" Infoman vient encore davantage brouiller les cartes.
Mon attitude dans cette affaire serait-elle différente si je ne partageais pas les mêmes points de vue politiques que l'animateur, ou si je n'aimais pas / n'écoutais pas l'émission? Sans aucun doute. Mais il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une émission de variétés. Le Petit Journal a son reporter de terrain dans une émission qui se veut pourtant humoristique, et elle tourne toujours à l'antenne. Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir l'équivalent au Québec?
Les éléments soulevés par la plainte de M. Ouellette ne devraient pas tant dénoncer la mixité du contenu de l'émission mais bien la nature éditoriale de son propos; car c'est ce qui choque ici: que Jean-René Dufort présente son point de vue pro-palestinien. La question ici n'est donc pas de savoir si Jean-René Dufort est journaliste; le cadrage épisodique, les questions fallacieuses et le manque le recours à la dérision le situent à des années-lumières de la déontologie recommandée aux journalistes par leurs facultatives associations. Jean-René Dufort est un chroniqueur armé de recherchistes et d'un goût prononcé pour la mise en scène. Une sorte de Richard Martineau qui serait allé à l'école de théâtre au lieu de devenir grincheux et amer. La question est-donc: doit-on payer avec le pognon des contribuables le salaire d'un mec qui donne son opinion avec humour?
RépondreEffacerCette question, c'est la direction de la SRC qui doit se la poser. Infoman a sûrement déjà passé le test maintes fois: remplissant la mission de la société et n'enfreignant pas son règlement.
Tout le reste du débat n'est que du vent. La reconnaissance législative du rôle de journaliste au Québec et au Canada et inexistante, permettant à n'importe qui de s'improviser n'importe quoi, empêchant l'instauration systématique d'une déontologie unique et permettant à des médias médiocres de dominer le marché en nivelant par le bas.
Jean-René Dufort? Chroniqueur. Le rôle de journaliste au Québec et au Canada? Flou, indéfini, libre à toute interprétation.